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L'affirmation de soi

Dernière mise à jour : 15 avr. 2023


L'une des deux grandes catégories de travail sur soi consiste à s'affirmer, à oser être soi-même et à exister. La seconde catégorie est le travail de deuil ou d'acceptation.


L'affirmation de soi est essentielle pour satisfaire les besoins sociaux tels que la reconnaissance, l'estime de soi, la confiance en soi, la légitimité ou simplement avoir une place dans la société.


Il s'agit donc d'un enjeu majeur pour l'épanouissement de l'individu.


Avant de décrire ce que ce travail implique, il est important d'expliquer les causes les plus courantes du manque d'affirmation de soi.



L’impossibilité d’être soi-même


Ce qui désigne généralement le fait d’être affirmé, c’est de pouvoir être soi-même, exprimer ses opinions, ses émotions, ses ressentis, ses besoins, etc..


Cette formulation est bien sympathique mais c'est un peu du marketing et il ne donne même pas l'esquisse de ce qu'est réellement le travail d'affirmation. Pour faire simple, c'est le fait de pouvoir exister face à l’agresseur. Et c'est dans la confrontation avec celui-ci que se construit l'affirmation et non dans la distance que l'on est tenté de mettre avec lui.


Une confrontation qui peut évidement être pacifique.


Et oui, être soi-même tout seul ou avec des personnes qui nous acceptent est facile mais cela est bien plus compliqué lorsque l'autre ne nous le permet pas.


Pour comprendre l'enjeu, il est important de s'attarder un peu sur les modes d'éducations couramment utilisés dans notre société.


Vous les connaissez forcément car ils sont encore d'actualité. Et ils ont pour objectif commun l'obéissance de l'enfant.


Les deux moyens de pression utilisés par les parents et les éducateurs durant l’enfance et qui à sont l’origine d’un manque d’affirmation, sont la menace (punition, agression physique ou psychique) et le chantage à l’amour.


Dit autrement, si je suis moi-même je vais me faire agresser (physiquement ou psychologiquement), et/ou mes parents me retireront leur amour.


Cette éducation permet donc d'avoir des enfants obéissants, soumis et dépendants ou à l'inverse des enfants insoumis, révoltés par l'autorité. Mais la révolte n'est pas un signe d'affirmation de soi mais bien la conséquence d'un traitement qui a empêché son apparition.


Pour que l'enfant puisse s’affirmer suffisamment pour construire une personnalité qui lui est propre, il est nécessaire qu’il puisse s’exprimer, s’opposer, exister face à ses parents avec toutes ses différences et pour que cela soit possible, il est indispensable que les parents le permettent et ce, même lorsque l’enfant est en colère contre eux.


Un accueil inconditionnel des émotions, des opinions de l’enfant est donc indispensable et surtout lorsqu’ils sont différents ou dirigés contre eux. C’est peut être le plus difficile à faire pour un éducateur car s'il n'a pas suffisamment cheminé et apaisé ses propres conflits, l'affirmation de l'enfant viendra inévitablement remettre en cause ses croyances et réveiller certaines histoires en souffrance.


C'est pour cette raison que krishnamurti disait qu'avant de vouloir éduquer des enfants, il était nécessaire d'éduquer les parents.



L'écrasement de la personnalité


Lorsque les conflits internes des parents sont très intenses et non apaisés, ceux-ci peuvent renvoyer de l’agressivité et de la violence à l’enfant qui vient réveiller leurs traumatismes. Et dans les cas extrêmes ils peuvent même réprimer violemment la personnalité de l’enfant en construction car celui ci vient réveiller leurs conflits.


Evidement tout ceci est inconscient.


On assiste alors à une atrophie de la personnalité de l’enfant, qui va prendre une identité compatible avec celle de son bourreau de parent.


Le résultat à long terme c’est qu’il ne sait pas qui il est, ni ce qu’il aime.


On peut mesurer l’importance de l’écrasement de la personnalité, avec l’intensité de la honte ou de la culpabilité et d’une manière générale à la sensibilité au jugement.

C'est l'intensité de l'écrasement de la personnalité qui déterminera la durée du travail. Il est alors compréhensible que le travail d’affirmation prendra dans certains cas, plusieurs années.


Le discours de toute puissance que que l'on rencontre dans le développement personnel n'est donc pas adapté à tous et il ne tient généralement pas compte de la souffrance des personnes qui ont une difficulté d'affirmation de soi qui est pathologique.

Et à mon sens c'est extrêmement dommageable car lorsque une personne qui tente de construire sa personnalité essaye des exercices qui n'ont aucuns résultats sur elle (parce qu'inadapté à sa situation), cela accroit sa dévalorisation et son manque de confiace en elle.


Il est donc très important de se méfier des raccourcis. Le développement personnel s'adresse à des personnes qui ont de légères difficultés dans un domaine et non à des personnes qui souffrent.


Un travail qui peut être long


Ce travail d'affirmation en quoi consiste t'il ?


Pour faire simple c'est pouvoir dire NON lorsque nous n'avons envie de quelque chose ou dire OUI à ce que nous désirons. Le travail va consister d'une manière générale à faire émerger ce droit à dire NON car c'est à travers lui que l'on construit sa personnalité.


Si on observe bien, les enfants ont une période ou le NON abonde. En réalité ils existent face aux parents qui tentent de les définir. Lorsque les éducateurs répriment avec agressivité cette construction de l'identité, l'enfant adoptera une stratégie pour éviter l'agression. Ce qu'il aime, ses différences, ses particularités, ses émotions, ses opinions, il les mettra de coté et adoptera une identité et des comportements qui le préservent de l'agression.


Le travail va donc consister à revenir sur ces souvenirs traumatisants, à exprimer progressivement les émotions, à désobéir, à exister face au parent qui impose, soumet.


Parfois la personne n'a pas subit ce traitement mais il a vu son frère, sa soeur, sa mère le subir et le résultat est le même. Parfois c'est un héritage trangénérationnel.


On pourrait dire qu'oser exister face à l'agresseur c'est un peu comme accepter de mourir pour être soi-même. A ce moment là l'agresseur n'a plus aucun moyen de pression, de répression, il perd son pouvoir sur nous. A ce moment là on s'en libère et on a plus besoin de le fuir.


Une structure que l'on ne change pas complètement


Lorsque l'agression et la violence sont présentes dès les premiers mois de vie de l'enfant, alors il va être empreint par celles-ci.


Cela signifie qu'il risque d'être attiré inconsciemment par des relations où l'agressivité et la violence sont présentes ou larvées.


Il existe une confusion courante chez de nombreuses personnes agressées, c'est de confondre l'affirmation de soi avec le fait de se couper des relations qui les font souffrir.


A première vue cela peut sembler bien naturel et il est même nécessaire dans un premier temps de s'y soustraire. Car on ne peux pas s'affirmer dans un climat où la violence est trop importante. Mais il est important d'avoir à la conscience que ce retrait ne doit être que temporaire car c'est au contact de l'agresseur que l'on s'affirme et non en l'évitant. Le risque d'un retrait permanent, de la fuite de l'agresseur, c'est le maintien et la transmission de l'histoire non résolue à ses descendants.


Dit autrement, on ne règle pas un manque d'affirmation en fuyant ou en incarnant l'extrême inverse de ce que nous avons subi comme agression.


L'équilibre a besoin d'être restauré.


En général ces mots font réagir les personnes concernées mais ne vous méprenez pas, ce n'est pas un manque de compassion qui me pousse à les écrire. J'ai à coeur de transmettre mon expérience personnelle et celles des personnes que j'accompagne sur ce chemin.



La vérification


C'est dans la famille, auprès de ses proches que l'on peut mesurer si le travail sur soi entrepris porte ses fruits. Les relations sociales et amicales ne sont qu'une répétition. C'est elles qui permettent de s'affirmer.


Mais la vérification se fait dans la famille.


Lorsque je peux exister totalement dans la famille, faire respecter mon intégrité, mes idées, mes opinions, sans fuir ou agresser l'autre à mon tour, alors le travail d'affirmation est terminé.

Le bénéfice secondaire généré par ce travail c'est que je retrouve mes parents et le bon de la relation. Je les réhabilite aussi à l'intérieur, je les accepte comme ils sont, j'accepte mon histoire et plus important encore, je m'accepte entièrement.


Quelques pathologies en lien avec le manque d’affirmation


L’anorexie, les troubles intestinaux, les problèmes dentaires, les hémorroïdes, les maladies auto-immunes..


Dans de nombreuses pathologies nous retrouvons une difficulté liée à l'affirmation de soi. J'en ai cité quelques unes mais il y en a beaucoup plus en réalité.


Donc un des bénéfice secondaire de ce travail d'affirmation est une diminution de certains symptômes.


Et pour finir..


S’affirmer est une étape incontournable pour pouvoir s'épanouir et c’est souvent beaucoup plus long que ne le laisse à penser les gourous du developpement personnel.

Evidement pour les personnes qui ne sont pas trop écrasées (et c'est une bonne chose), quelques encouragements, quelques exercices pratiques ou changement de croyance seront suffisants.


Mais pour celui/celle qui souffre d’un écrasement plus important, pathogène, cela ne suffira pas. La revisite émotionnelle de ses traumatismes et la répétitions des exercices sera nécessaire.


Ce temps n'est pas du temps perdu car en travaillant votre histoire, vous allez épanouir votre spécificité, vous allez vous construire..

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